Ce weekend, la très glorieuse flottille 32F de l’Aéronautique navale française va être mise en sommeil. Ses deux hélicos EC225 vont être reversé à l’armée de l’Air. Après avoir été pressentis pour intégrer le GAM 56 « Vaucluse » basé à Evreux, ils devraient plutôt rejoindre l’EH 1/67 « Pyrénées » à Cazaux.
Ces deux appareils, originellement prévus pour le marché civil, avaient été livrés à la flottille en 2010 pour faire la jonction entre les derniers « Superbes » Frelon, retirés du service cette année-là, et qu’il n’était pas possible de faire durer plus longtemps, et l’arrivée des premiers NH90, afin d’assurer le sauvetage en mer au large de la Bretagne. Pour cette mission l’emploi d’une machine puissante, disposant d’une autonomie respectable et de capacités d’emport notables est indispensable. La solution temporaire constituée par ces deux machines, prévue pour ne durer que quelques mois, a finalement continué 6 ans
En octobre 2011, à l’occasion du salon morbihannais du bateau d’occasion « Le mille sabords du Crouesty », qui marque traditionnellement la fin de saison dans un des plus importants ports de plaisance de France, un de ces hélicoptères, alors entré en service depuis quelques mois, était venu effectuer une démonstration conjointe avec une des vedettes de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, la SNSM, pour une des premières occasion de voir évoluer cette impressionnante machine au plus près du public.
Dans le chenal d’accès au port, l’hélicoptère et la vedette ont donc effectué un exercice complet d’hélitreuillage afin de montrer quelles procédures sont appliquées lorsqu’il faut aller chercher un blessé à bord d’un navire de pêche, par exemple.
Et cet exercice n’a vraiment rien de théorique. Depuis sa création en décembre 1957 sur Sikorsky S-58, avec le Super Frelon de 1970 à 2010 puis avec l’EC225, et en dépit d’une longue période d’activité consacrée à la lutte anti-sous-marine et à la protection des accès maritimes de la rade de Brest, la Flottille, qui achève son histoire avec 150 000 heures de vol, a réalisé 3213 missions de sauvetage et a donc porté secours à 2202 personnes.
Un de ses plus hauts faits d’arme, parmi des centaines de missions difficiles, a eu lieu le 17 mars 1978 lorsque l’équipage « Belligou Alfa » du Super Frelon n°112 commandé par le LV Martin a été envoyé au secours du pétrolier Amoco Cadiz qui venait de s’éventrer sur les récits au large de Portsall avec 220 000 tonnes de pétrole brut dans ses soutes. Sur place, de nuit et en pleine tempête, le LV Martin a tenu un vol stationnaire de 43 minutes, un record et un exploit surhumain dans ces conditions, pour permettre l’évacuation de 28 des 44 membres d’équipage du navire en train de sombrer.
Un autre Super Frelon de la 32F, piloté par le LV d’Escayrac Lauture prit ensuite le relais pour embarquer 9 marins supplémentaire (*) avant que le LV Martin revienne pour en remonter 5 autres, ne laissant à bord que le capitaine et son second qui seront à leur tour treuillés au petit matin.
C’est donc une unité particulièrement glorieuse qui tire sa révérence. Désormais, ce sont les NH90 de la 33F qui vont assurer la difficile mission du secours en mer depuis Lanvéoc, sa base principale, et Cherbourg, où elle va prendre le relais du détachement permanent que la 32F assurait avec un des hélicos qu’elle reverse à l’armée de l’Air.
La mise en sommeil de la 32F va être suivie dans seulement quelques jours de celle de la 17F, qui sera accompagnée par le retrait de service du Super Etendard. Si les EC225 n’ont en rien bouleversé l’histoire de la Marine, il en est tout à fait différemment avec le chasseur Dassault.
(*) son hélicoptère était en version ASM, donc moins adapté, car plus lourd, pour la mission de cette nuit-là. Le Super Frelon n°112 a malheureusement été détruit lors d’un dramatique accident en 1980.