Juste deux semaines après le rendez-vous de la Ferté-Alais, à quelques km de là, s’est déroulé la troisième édition du Air Legend sur l’aérodrome de Melun-Villaroche. Conformément aux habitudes des organisateurs, le plateau annoncé était bien présent. Et ce fut donc une nouvelle réussite.
Comme les précédentes éditions, le spectacle aérien à proprement parler ne commençait qu’en début d’après-midi, pour laisser le temps aux spectateurs de faire le tour des avions en exposition statique, des nombreux stands ou, pour certains, de profiter de baptêmes de l’air en hélico ou en avions de collection (Stearman, Travel Air ou même T-28).
Les stands étaient assez nombreux et ce fut une occasion de revoir les amis du Trait-d’Union, les éditions EM37 ou le groupe Larivière. Néanmoins l’absence de librairies spécialisées, notamment une certaine enseigne britannique, fut durement ressentie par certains.
Même la météo s’est mise au diapason. Un peu couverte le samedi, plus dégagée et plus lumineuse le dimanche, il n’en fallait guère plus pour contenter tout le monde. Il ne faudra pas oublier que d’importantes averses la veille du meeting ont détrempé les champs où il était prévu de garer les véhicules des spectateurs, entraînant quelques modifications des accès – et quelques bouchons – le samedi matin.
Les premiers avions à s’envoler pour le meeting, en tout début d’après-midi, furent une escadrille d’avions Mudry. Il fallait rendre hommage à un grand pilote d’essais, Jean-Marie Saget, disparu le 20 mars 2020 à 91 ans qui fut une grande figure de Dassault et qui fréquenta donc le « Villaroche » de la grande époque.
Ce furent ensuite les représentants des forces aériennes françaises qui occupèrent le ciel ; deux Rafale de la Flottille 17F firent un passage en patrouille avec deux F4U Corsair avant d’effectuer une dynamique démonstration en vol.
Il furent suivis par quelques passages de l’Atlantique n°18. Ce fut ensuite le tour de la très belle démonstration de l’A400M d’occuper le ciel.
L’armée de l’Air était représentée par le duo des Gusto, deux Mirage 2000 de l’Escadron de Chasse 2/5 « île de France » de la base d’Orange. Revoir des « 2000 bleus » fendre le ciel fut un moment délicieux, rappelant aux plus jeunes qu’avant le Rafale, la chasse française disposait déjà d’un chasseur des plus spectaculaires et démonstratifs. Superbe !
Le Rafale Solo display, sur un avion « banalisé » fit parler la poudre ! Dans l’ensemble, si les démonstrations des « Ambassadeurs » étaient superbes, les commentaires qui les accompagnaient, les mêmes qu’à la Ferté, étaient toujours aussi inintéressants à l’exception de l’EVAA qui a confié cette tâche essentielle à un de ses pilotes pour un résultat bien plus instructif et agréable à écouter.
En attendant la Patrouille de France en conclusion du spectacle, ce sont donc bien les avions anciens qui ont fait le show à Melun. Et ils étaient nombreux.
Il y avait donc les petits, comme ce Stinson, une machine pas si fréquente et finalement assez peu connue.
Il y en avait d’autres, un peu plus gros, à la thématique « chrome » très marquée comme ces Beech 18 Suisses en formation avec un DC-3, une démonstration douce, superbe et extrêmement agréable à… écouter !
Du chrome, il y en avait aussi avec le splendide Spartan Executive, exemplaire unique en Europe. Si l’avion est peu connu, il a été construit à très peu d’exemplaires juste avant la guerre, il reste un exemple exceptionnel de ces avions des années folles auxquels il faut savoir s’intéresser. Et bon sang qu’il est beau !!!
Et cette thématique « chrome » nous permet aussi d’ouvrir la page des warbirds de la seconde guerre mondiale avec la présence du très rare, et très très brillant, B-25 de la collection Red Bull.
Le samedi a été marqué par la spectaculaire sortie de piste du Beech 18 F-AZEJ. Cet incident, qui n’a causé que des blessures très légères à l’équipage, a sans doute condamné cet avion, dont la remise en vol pourrait être trop couteuse pour son propriétaire. C’est un évènement assez triste qui a permis de confirmer que le Beech 18 reste délicat au décollage et que les distances de sécurité entre les spectateurs et la piste dans les meeting ne sont pas inutiles…
Le « j’aime pas ça, j’aime pas ça » de Bernard Chabbert, alors au micro, a un peu inquiété tout le monde mais il a pu très vite rassurer le public. Un grand commentateur peut aussi être jugé sur sa maîtrise des moment difficiles, et c’est une incroyable leçon de sang froid qu’il nous a offert !
L’incident a donc interrompu le spectacle quelques minutes, privant les spectateurs du samedi du tableau « Tora Tora Tora » où les T-6 rejouent « pour rire » l’attaque de la base de Pearl Harbor. La démonstration se fit néanmoins sans encombre le dimanche mais sans le bimoteur qui se trouvait encore dans le champs où il avait terminé sa trajectoire.
D’autres belles plumes pacifiques ont été présentée en vol dont le DC-3 aux couleurs d’Air France et le Catalina venu d’Angleterre.
Ce fut ensuite le temps des chasseurs… et conformément aux promesses des organisateurs, ils étaient… nombreux !
Trois F4U Corsair étaient présents, le FG-1 de The Fighter Collection, Celui de Red Bull et le F4U-5 des Casques de Cuir. Autant dire que la foule était déjà conquise !
Les chasseurs US étaient aussi représentés par le P-40 dont il se murmure qu’il pourrait être vendu bientôt et donc quitter la France.
Les britanniques d’Ultimate Fighters ont présenté leur démonstration à quatre avions, du très beau pilotage, certes, mais il est dommage que les avions ne soient pas mieux présentés individuellement ensuite, en particulier le P-47, un avion rarement vu en meeting aérien en France.
Deux autres Spit étaient aussi présent dont celui de Christophe Jacquard, enfin réparé après son « soleil » de 2017 et dont le retour sur le circuit des meetings aériens est célébré dignement.
Le Canadair Sabre de Fred Akary a aussi été une grande vedette du spectacle avec une démonstration dynamique, bien que relativement courte.
La fin du meeting célébrait les 75 ans la parution du « Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry. A cette occasion, la Patrouille de France, dont les Alpha Jet arborent sur leurs dérive des dessins issus du livre, ont accueilli le P-38 Red Bull, unique en Europe également, et évoquant directement l’avion sur lequel l’écrivain a disparu, au sein de leur formation le samedi et comme leader le dimanche.
Ce passage en formation inédite était absolument splendide. Le P-38 a ensuite fait sa démonstration avant que la Patrouille de France ne clôture ce spectacle aérien d’exception.
Au final, l’organisateur a annoncé avoir accueilli pratiquement 60 000 spectateurs payants sur ces deux jours, preuve d’un engouement public considérable, et chiffre d’autant plus remarquable que les visiteurs étrangers, les passionnés allemands, britanniques ou néerlandais, n’étaient guère nombreux. Un vrai record ! En trois éditions réussies, les organisateurs ont démontré qu’ils avaient réussi leur pari !