Le musée Flieger Flab à Dübendorf

Après avoir traversé le lac de Constance et une grosse cinquantaine de km Suisses depuis les quais de Romanshorn, on aborde tranquillement les faubourgs de Zurich. A moins de 10 km de l’aéroport de Kloten, l’aviation militaire Suisse dispose de la base de Dübendorf, accueillant Super Puma et Turbo Porter. Si l’utilisation civile de la plateforme est des plus réduite, plusieurs start-up aéronautiques sont à l’œuvre. C’est là, par exemple, que le Solar Impulse a été construit.

La plateforme est aussi utilisée par l’Université de Zurich pour des campagnes de vol zéro G avec l’Airbus de Novespace normalement basé à Bordeaux. Par chance, il était en visite en Suisse lors de notre passage !

L’A310 Air Zero G à Dübendorf en septembre 2021

Le musée est adjacent aux installation de la compagnie Ju-Air dont l’activité aérienne est interrompue depuis le drame du HB-HOT tombé avec ses passagers lors d’un vol en montagne.

Le 4 août 2018, le Junkers 52 HB-HOT tombait dans les Alpes, ce monument a été dressé à en souvenir des victimes.

Un émouvant et discret monument se trouve entre les deux hangars, dans un petit enclos masqué par les arbres. La stèle porte des noms des victimes de la catastrophe.

Il est toujours question d’une reprise des vols des Junkers, mais quand ?

Le musée de l’aviation de Dubendorf est tenu et géré par des bénévoles, c’est ce qui explique ses horaires d’ouverture. Chose étonnante, le restaurant qui se situe dans le premier hall n’ouvre qu’à 13h30, un peu compliqué pour y organiser un repas d’affaires par exemple.

 

L’entrée du musée où le public est accueilli par un « Tiger » de la Patrouille Suisse.

Mais à l’heure dite, lorsque les portes s’ouvrent, on y découvre un endroit à l’ambiance tout à fait particulière et surtout une collection aéronautique d’une richesse extraordinaire.

Premier avion exposé, un P-51D lourdement armé. Derrière lui le restaurant aux horaires d’ouverture particuliers.

Le musée comporte plusieurs hall, les deux principaux étant deux grands hangars d’aérodrome parfaitement aménagés. Dans le premier, celui où se trouve le restaurant et la petite boutique, sont exposés les avions les plus anciens, des pionniers aux chasseurs de la seconde guerre mondiale.

Un D-3801, version locale du MS 406

Un EKW C-3603 côtoie un Bf109E, deux avions de combat représentatifs de l’époque de la 2e GM…. et bien au-delà pour le premier.

Le public évolue le long des avions légèrement surélevés, posés sur une plateforme, parfois recouverte de plaques PSP d’époque du plus bel effet. Les avions ne sont pas si nombreux, mais on y compte quelques pièces d’une rareté exceptionnelle comme le Hanriot HD.1 ou le Nieuport 28 et quelques productions locales peu connues.

Un Nieuport 28 survole une réplique d’un très étonnant Häfeli DH-1.

Le Dewoitine D.26.

Le Fokker C.V est présenté désentoilé à babord permettant de bien visualiser une structure assez classique pour un avion de cette époque.

Mais le plus étonnant, c’est qu’ils sont souvent exposés au milieu de leur matériel de piste. Et dans la partie centrale se trouve une exposition de matériel de défense anti-aérienne d’un intérêt majeur.

Exemple de matériel anti-aérien exposé. L’aviation militaire Suisse est ainsi représentée dans l’ensemble de ses branches.

Un réacteur Jumo de Messerschmitt 262 trône également dans ce premier hall d’exposition.

Au-dessus, une large plateforme à laquelle on accède par un escalier, permet d’admirer les avions sous d’autres angles et, surprise, une grande baie vitré offre une vue admirable sur la piste et l’activité aérienne de l’aérodrome. Située en pleine ville, la base de Dübendorf est relativement calme, c’est bien dommage.

Le deuxième hangar, auquel on accède par un passage extérieur mais couvert, comprend les avions plus contemporains, des Vampire au Tiger en passant par les Mirage et les Hunter – ne manque, en fait, qu’un F/A-18 pour avoir la collection complète des chasseurs à réaction de la force aérienne helvétique. Ça viendra !

Le Venom fait l’objet d’un diorama échelle 1 avec deux mécaniciens représentés en train d’intervenir pour un changement de réacteur grâce à un camion-grue. Bluffant !

Mais les chasseurs ne sont pas les seuls à avoir l’honneur de l’exposition puisque les hélicos et les avions d’entraînement sont bien présents, tout comme les appareils de soutien et de missions spéciales comme l’inévitable Pilatus Porter ou le C-3605 à turbine.

Alouette III et Hawker Hunter.

Mirage IIIRS.

Mirage IIIS. Il est présenté avec le nez ouvert pour montrer son radar d’interception.

20 Hawk ont été utilisés par la Suisse entre 1990 et 2002 dont 18 ont été revendus à la Finlande.

Un EFW C-3605, version à turbine de remorquage de cibles, datant des années 70, du C-36 entré en service pendant la 2e GM.

Le public évolue au milieu de ces avions sur une moquette bleue et là encore les appareils sont parfaitement présentés avec parfois des mannequins, du matériel de piste, de l’armement et des véhicules.

Quelques exemples de roquettes utilisées depuis les chasseurs-bombardiers Suisses.

Cette fois-ci, les passerelles, en bois, façon chalet, encerclent le hangar et comportent aussi leur lot d’expositions.

Certaines vitrines se consacrent à l’armement avec une belle collection de mitrailleuses et canons aéronautiques. D’autres présentent de nombreux matériels liés aux radars et aux communications radios.

Quelques maquettes et dioramas complètent un ensemble de pièces variées et qui semblent avoir été conservées avec beaucoup de soin.

 

Postes de travail pour des radaristes d’interception.

Mais deux pièces marquent particulièrement, les deux prototypes nationaux, le  le FFA N20 Arbalète et le FFA P-16 qui accueillent les visiteurs dès l’entrée de la salle.

Le prototype du FFA N20-2’Arbalète (1951), premier jet Suisse qu’on croirait sorti tout droit d’une BD d’Edgar P. Jacobs.

Le seul survivant des 5 P-16 construits autour de 1955 est en fait constitué de pièces de deux de ces prototypes.

Le P-16 aurait pu être un chasseur-bombardier supersonique aux capacités STOL mais deux crash au cours du développement du projet l’ont condamné.

Le N-20-10 Aiguillon de 1952 provisoirement sorti du hangar, en compagnie d’un Vampire et d’un Dornier.

Lors de notre visite une réception officielle se préparait dans le hangar ce qui explique pourquoi le N-20 Aiguillon, autre prototype historique, était sorti et seulement visible de loin dans les hangarettes en dehors du musée.

Après avoir traversé une salle tout en longueur qui expose du matériel anti-aérien plus contemporain, on accède à un dernier bâtiment dont une partie accueille la salle des biplaces, avec un Venom d’entraînement, un Hunter biplace et un PC-9, ainsi qu’une réserve de matériel divers.

Un des 12 PC-9 utilisés en Suisse pour l’entraînement spécialisé et le remorquage de cibles.

La salle des moteurs n’était, théoriquement, pas ouverte le jour de notre visite, une partie ayant été neutralisée pour installer un centre de test pour le Covid. Néanmoins un des bénévoles du musée nous en a ouvert la porte ce qui nous a permis de découvrir une collection exceptionnelle de moteurs de toutes époques dont certains semblent être proches de l’opérationnel si on en juge les réceptacle permettant de recueillir l’huile qui en suinte encore ! Ce bénévole, ancien instituteur de son état, était aussi un ancien milicien, pilote de Venom et de Hunter, nous le remercions pour son amabilité et le temps qu’il a passé à répondre à nos innombrables questions !

La salle des moteurs, déjà fort riche, accueille aussi un rarissime Compte AC-4, un biplace de tourisme des années 30.

Anzani, Jumo, Pratt & Whitney, Curtiss Wright et autres Rolls-Royce exposés individuellement dans une salle dédiée du musée.

Une dernière salle accueille les simulateurs de vol, dont un est constitué d’un authentique Mirage biplace, un cockpit de Boeing 747 ou un simulateur de F/A-18. Ces systèmes sont animés par des bénévoles d’autres associations et constituent des prestations à part de la simple visite du musée.

Le cockpit du simulateur de Boeing 747.

Une dernière salle accueille notamment un des deux derniers Junkers 52 de Ju-Air pour une exposition rétrospective temporaire sur l’histoire de la compagnie.

Le HB-HOP est un des deux avions restants de Ju-Air.

Riche, agréable à arpenter, le Musée de Dübendorf constitue une excellente surprise et peut même justifier à lui seul un détour par Zurich au cours d’une visite de la Suisse. Le tarif est raisonnable, une quinzaine de CHF. La boutique possède un choix intéressant de maquettes, die cast et autres livres spécialisés – certains très confidentiels – et mérite aussi d’être visitée. Nous n’avons pas profité du restaurant. L’occasion d’y revenir ?

https://www.afc-fliegermuseum.ch/

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