Le weekend des 18 et 19 septembre 2021 s’est tenu le seul meeting aérien organisé sur une base de l’armée de l’air depuis la saison 2019 – le meeting national prévu sur la base de Cognac en juillet 2020 ayant été reporté à juillet 2021 puis annulé face aux incertitudes de la situation sanitaire.
Celle-ci s’étant améliorée sensiblement au cours de l’été, les évènements prévus ont pu se tenir à peu près normalement comme le « Temps des Hélices » à la Ferté-Alais, le « Villaroche Air Legend » à Melun 15 jours plus tard et donc, la JPO de Luxeuil.
Peu d’informations officielles avaient filtré du programme des démonstrations en vol mais les rumeurs faisaient état d’une belle concentration des « solo display » de chasseurs européens et de quelques avions de collection, de quoi attirer la foule.
Une journée dédiée aux répétitions et ouverte aux spotters était prévue pour le vendredi, pouvant, potentiellement, donner lieu à des prises de vues particulièrement intéressantes. Mais Luxeuil est une base à contre-jour avec une piste est-ouest et des installations au nord. Nous avons fait le choix de ne pas nous inscrire et de tenter notre chance « en bout de piste », à l’ancienne.
Quelques infos glanées localement nous ont aiguillé au sud des installations et il faut bien l’avouer, c’était « une bonne pêche ». Près d’une ferme, le long des barrière de l’enceinte de la base, nous avons pu assister à l’ensemble des répétitions du vendredi tout en bénéficiant d’un éclairage quasi parfait. Il y avait bien longtemps, crise sanitaire inclue, que nous ne nous étions pas « éclatés » comme ça !
Il faut dire que les rumeurs, pour une fois, se sont avérées fondées. De nombreux démonstrateurs des forces aériennes étaient bien présents et ont volé au cours du meeting.
Le principal désagrément de notre positionnement était de ne pouvoir photographier les décollages et les atterrissages en raison de la présence de merlons de protection. Mais en contrepartie, tous les passages où les avions montrent leur ventre – et tous les photographes savent qu’ils sont nombreux et que beaucoup de pilotes en ont fait une sorte de signature – se transformaient en passage « à l’anglaise ! »
En un seul mot, une régalade non stop ! Pour couronner le tout, nous n’avions pas de sonorisation donc pas de commentaires. Et par comble de bonheur un « spotter » était muni d’une radio aéro. Nous avons, grâce à lui, suivi la démonstration de la Patrouille de France très différemment.
Franchement ? C’était top. Rien de mieux pour comprendre l’art difficile des démonstrations que d’écouter la « musique » du leader en direct, avec ses ordres, ses conseils, ses « cadence, cadences plus, cadence encore, cadence à donf ! » qui en disent très long sur la charge physique et mentale d’un vol à très haute intensité.
Le meeting proprement dit était gratuit et ouvert à tous mais nécessitait une inscription en ligne. Il était bien précisé qu’il ne serait pas possible d’entrer avec son pique-nique et surtout son siège pliant.
Des critères sécuritaires seraient à l’origine de cette drôle de consigne, plutôt étonnante lorsqu’il s’agit d’un spectacle de plein air de plusieurs heures. On espère sincèrement ne jamais entendre à nouveau parler de ce genre de restriction d’accès !
Le plus important, heureusement, reste que ces quelques récriminations étaient bien compensées par un programme comme on n’en avait plus vu sur une base aérienne française depuis une époque bien lointaine.
Et si les ambassadeurs de l’Armée de l’Air étaient tous présents ou presque, ils se sont clairement fait voler la vedette par deux « antiquités » qui, à elles-seules, valaient tout simplement le déplacement.
Rarement vu sous nos cieux, et alors que sa succession par le F-16 a débuté, l’aviation roumaine a envoyé à Luxeuil deux MiG-21 Lancer dont un a été présenté en vol ! Avion emblématique de la Guerre Froide, chasseur moderne le plus construit au monde (plus de 10 000 exemplaire), le MiG-21 est une légende de l’histoire de l’aviation et l’opportunité d’en photographier un en vol ne devait pas être ratée !
Et, rarement présent en meeting aérien dans notre pays (la dernière fois que l’ai vu voler, c’était au salon du Bourget 2009), le Mirage IIIDS des Suisses de Clin d’Ailes, normalement basé à Payerne, était également présent et a participé au show en effectuant sa (courte) démonstration en vol. Il s’agit de l’unique Mirage III en état de vol en Europe. Ce meeting aérien avait clairement un accent Suisse et ce n’était pas pour nous déplaire !
Un Mirage III et un MiG-21 présentés en vol dans un meeting aérien français en 2021 !! Soyons clair : ces deux avions justifiaient à eux-seul un déplacement de plusieurs centaines de km.
Mais il n’y avait, en plus, pas que ça ! Parmi les démonstrateurs étrangers invités figuraient le solo F-16 Danois et le F-16 Belge. Tous deux ont effectué de très jolies démonstrations égayées par le lancement de quelques leurres infra-rouges du plus bel effet !
Si la délégation Belge étaient venue avec deux F-16, dont le démonstrateur officiel, c’est l’avion des 75 ans de la Force aérienne qui a assuré les démos. Là encore l’usage de flare a largement contribué à rendre la démo encore plus inoubliable.
De toutes ces exhibitions spectaculaires et impressionnantes, c’est peut-être celle du solo Suisse qui a été la plus étonnante avec des prises d’incidences assez inédite pour un avion de cette génération.
La Royal Air Force était également représentée avec son solo en Typhoon. On ne va surtout pas se plaindre de cette belle variété de chasseurs modernes !
Avec une telle présence étrangère, le meeting aérien de Luxeuil renouait avec les beaux et grands meetings des années 90 ! Et l’Armée de l’Air n’était pas en reste.
La chasse française était représentée par les deux Mirage 2000-5 « Maraud Fox » locaux. Aujourd’hui supplantés par le Rafale, les « 2000 » bleus n’en demeurent pas moins des machines racées et d’une élégance inégalée. Quel bonheur d’en voir deux évoluer ainsi.
Les autres ambassadeurs de l’Armée de l’Air ne furent pas en reste comme l’a démontré le Rafale Solo Display incarné par Jérôme « Schuss » Thoule qui aurait sans doute aimé d’avoir plus d’opportunités de pratiquer son art à bord de son chasseur de prédilection.
En plus du très impressionnant A400M – ce dernier se taillant un succès public notable tant il est rare de voir un avion de cette taille bouger ainsi – l’École d’Aviation de Chasse de Cognac présentait deux de ses nouveaux PC-21.
L’EVAA a présenté son show à trois avions avant que la Patrouille de France ne fasse sa présentation complète.
Un Atlantique de la Marine a également participé au spectacle, tout comme l’ALAT par un de ses hélicoptères de combat Tigre.
Pour compléter ce plateau – lequel pouvait déjà pratiquement se suffire à lui-même, quelques avions civils de collection étaient également là. L’accent Suisse du plateau se confirmait par la présence du très précieux D-3802 et par le Vampire HB-BVN.
Deux P-51D Mustang rutilants ont également volé. Tous deux sont basés en Allemagne.
Un Fouga Magister, un T-6 et un Yak 11 et un Extra 330 privé ont également évolué, de même qu’un Dassault Flamant. On n’avait pas vu un plateau aussi varié et complet depuis bien longtemps !
Alors même à contre jour, ce fut un beau moment d’aviation à tel point qu’une fois entrés sur la base, et bien que tentés d’en ressortir pour assister au show depuis notre très bon emplacement de la veille, parce que nous étions en bonne compagnie et finalement pas si mal placés – l’éloignement des hauts-parleurs n’y étant pas pour rien – nous avons suivi le meeting aérien de l’intérieur jusqu’à son terme, sans regret.
Ce meeting a donc été un franc succès public avec environ 20 000 spectateurs entrés sur la base le samedi – et c’est sans compter sur les milliers de personnes qui ont suivi les démonstrations en vol depuis les pourtours de la base. Le dimanche a été plus difficile avec, au cours de la nuit, l’arrivée d’une perturbation atmosphérique active entraînant une journée particulièrement pluvieuse au cours de laquelle 13 000 personnes sont entrés sur la base. Pour notre part nous étions alors sur la route du retour, particulièrement satisfaits de nos deux jours en Haute-Saône.