Le Martin Mars pourrait sortir de sa retraite !

Cloué au sol à la fin de son dernier contrat avec la Province de Colombie Britannique en septembre 2013, le dernier Martin Mars opérationnel, le Hawaii, attendait patiemment de connaître son sort. Contrairement à son compagnon d’écurie, le Philippine, promis au Musée de Pensacola, le Hawaii était alors encore en parfait état de vol, seul son âge et son coût ayant entraîné cette décision.

Martin Mars (Coulson Group)

Arrêté de vol en 2013, le Hawaii Mars pourrait reprendre du service bientôt. (Photo : Coulson Group)

Au cours de l’été 2014, alors que l’île de Vancouver connaissait quelques épisodes incendiaires sérieux, les habitants ont alors lancé une pétition pour inciter le gouvernement local à signer un nouveau contrat pour le Martin Mars, afin qu’il puisse venir en renfort des moyens déployés dans la région, en particulier des quatre AT-802F de la société Conair, destinés à le remplacer.

Change.org

En réaction, le 22 juillet 2014, le Gouvernement de Colombie Britannique publiait un document factuel relatif à la flotte de bombardiers d’eau de la Province et du Martin Mars en particulier :

BC Airtanker Fleet and the Martin Mars

Les arguments, dont certains sont effectivement irréfutables, n’ont pas, pour autant, fait plier les habitants, convaincus que seul le Mars, et ses 27 000 litres de capacité d’emport, était la solution au problème des feux dans le secteur.

Le début de l’été 2015 n’a pas dérogé à la règle et la région de Sproat Lake a été durement touché par d’important feux. Voir le Martin Mars encore au sec et noyé dans la fumée de ces incendies a tout simplement confirmé les supporters de l’hydravion dans leurs convictions.

La pétition, toujours en ligne et active, finit par dépasser les 18 000 signatures et de nombreux groupes facebook ont relayé l’envie pressante tandis que sur twitter, le débat faisait rage.

Surtout que le statut de l’avion a évolué récemment : Au début de l’été l’avion est redevenu opérationnel, non pas pour des feux de forêt, mais son exploitant a signé un contrat pour quelques dizaines d’heures de vol, devant être effectuées à partir de la mi-juillet, afin de participer à la formation de pilotes d’essais chinois au maniement d’hydravions de grande taille, au bénéfice du programme Avic 600.

Le coup de théâtre est arrivé le 7 juillet lorsque le Groupe Coulson annonça avoir signé un contrat avec la Colombie Britannique pour l’emploi du Martin Mars comme bombardier d’eau. Il s’agit d’un contrat « Call When Needed », c’est à dire un protocole d’accord de mise à disposition des moyens à la demande de l’autorité. Il faut juste que l’autorité en question active ces moyens, ce qui reste à sa seule discrétion.

Wayne Coulson, Président du Groupe Coulson ajoute : « Nous avons notifié à la province nos tarifs et nous avons désormais un contrat, nous n’attendons plus que les ordres du Gouvernement pour mettre le Mars en place. »

La Province de Colombie Britannique activera-t-elle le vénérable hydravion et ses 27 000 litres de capacité ? Rien n’est certain à cette heure.

Wayne Coulson 2015

Wayne Coulson, Président de Coulson Group, invité de la conférence Aerial Fire Fighting 2015 en mars à Zadar en Croatie.

L’autre Martin Mars, le Philippine, a fait aussi les gros titres de l’actualité canadienne. Inutilisé depuis 2007, l’appareil est destiné à rejoindre le musée de l’US Navy à Pensacola en Floride. Repeint aux couleurs de son premier exploitant, l’avion a été remise en état de vol en prévision de son convoyage, lequel a été repoussé à plusieurs reprises.

Il y a quelques semaines, des représentants conservateurs canadiens ont estimé que l’appareil faisait partie du patrimoine canadien, eu égard ses 50 années passées au service des forêts de Colombie Britannique, et qu’à ce titre, l’appareil ne pouvait pas être exporté. Ces avions ayant été construits aux USA et utilisé par l’US Navy jusqu’au milieu des années 50, l’argument a été, de fait, très contesté. Wayne Coulson, de son côté, a appelé au respect de sa propriété privée.

Coulson Group crew

Les tenues de vol de l’équipage du Tanker 131 de Coulson Flying Tankers montrent bien à quel point le Martin Mars fait partie de l’ADN de l’entreprise.

Plus de 70 ans après leur sortie d’usine, ces deux avions continuent donc de faire parler d’eux. Ces rebondissements ne font que confirmer les deux Martin Mars dans leur statut de véritables légendes de l’histoire de l’aéronautique.

 

Meeting aérien du centenaire, Base Aérienne 705, Tours (2/2)

La météo s’annonçait radieuse pour ce dimanche 7 juin. Tout était prêt pour que le grand meeting aérien devienne un grand évènement et un succès public. Avant même que les portes de l’entrée base ne s’ouvrent, il y avait déjà une petite foule massée sur la route. C’était plutôt bon signe.

L’attente ne fut pas bien longue. Les portes rapidement ouvertes, il fallut cependant se soumettre à la fouille des bagages, inévitable en ces temps troublés. A quelques détails il était possible de comprendre que sur le plan de l’organisation, ce meeting allait être une réussite. Les caisses pour acheter les billets d’entrée étaient nombreuses ; un peu plus loin, sur l’aire publique, très vaste, les toilettes étaient disséminées un peu partout. En face l’Escale, de très nombreux stands proposaient de quoi se sustenter avec une grande variété de possibilités. Pour les amateurs de souvenirs, il y en avait pour tous les goûts, livres, babioles, maquettes de collections.

Il ne fallait pas perdre de temps pour se trouver une place près des barrières pour le début des vols en milieu de matinée. Désormais, les commentaires des meetings aériens sont assurés par Frédéric Béniada, une voix bien connue des auditeurs de Radio-France, et authentique passionné d’aviation. Homme de radio, il a eu la bonne idée de préparer en amont ses interventions et s’est livré au jeu de l’interviewer auprès des équipages, apportant une note assez dynamique à l’exercice. Il n’en reste pas moins que le positionnement des haut-parleurs entre le public et le taxi-way demeure un gros problème pour les photographes ; assez hauts, ils se sont retrouvés dans le cadre lors de certaines manœuvres des patrouilles.

Comme annoncé, le programme des vols n’était pas folichon, surtout pour les amateurs de « heavy metal ». Heureusement, les démonstrations en vol étaient variées et sans trop de temps morts, rehaussées par les participations remarquées de la patrouille britannique des Red Arrows, de la Patrouille de France et d’autres formations vraiment spectaculaires comme les Mirage 2000N des Ramex Delta ou les Alpha Jet de l’EAC qui ont proposé un show « maison ».

Les démonstrations ont même été interrompues un moment pour laisser passer le Boeing 737-800 de Ryanair, compagnie régulière de l’aéroport de Tours-Val de Loire partageant la même piste que la Base Aérienne 705. Les passagers comme l’équipage ont dû être surpris d’être attendus par tant de personnes les saluant !

De plus en plus souvent, la Patrouille de France ne termine plus les meetings aériens. Ce changement de coutume a de nombreux avantages. Comme de nombreux spectateurs ont tendance à quitter la plateforme après le passage des Alpha Jets bleus-blancs-rouges, c’est toujours ça de gagné en embouteillage pour le grand rallye de fin de meeting. D’autre part, ayant fait leur part de boulot en milieu d’après-midi, les pilotes peuvent passer plus de temps auprès de leurs fans, le chiffre d’affaire du stand de la PAF doit s’en ressentir notablement.

Après plusieurs saisons où leur show semblait être entré dans une interminable routine, il semble que cette année le nouveau leader cherche à imposer sa vision du spectacle et si le ruban a peu évolué, la synchro, avec un travail en deux groupes de quatre, a été plus rythmé et pour tout dire assez enthousiasmant. (On note avec une immense satisfaction que le commentaire de notre Patrouille Nationale est revenu aux fondamentaux, loin des cris, hurlements et slogans ridicules qui nous ont été infligés il y a quelques années.) Bon, évidement, pour ça, il fallait faire abstraction du spectacle offert par les Reds qui est, de toute façon, un ton au-dessus et ça fait des années que ça dure.

Parmi les anecdotes notables, le Fouga Magister a dû annuler son show après le décollage en raison d’une bricole qui a empêché le train de se rétracter et qui est revenu, très prudemment, se poser, bien escorté par les véhicules des pompiers de la base.

Avec la participation de quelques warbirds spectaculaires comme le Skyraider, le Mustang, le Mosquito au 3/4 et le Spitfire, il y en avait pour tous les goûts. Dernière bonne surprise : au moment de la fin du meeting et de la sortie des spectateurs, ça roulait presque normalement, du moins dans le secteur où nous avions laissé notre véhicule !

Rafale B Tator

Lors de la répétition du samedi, la démonstration du Rafale a été effectuée avec le spare biplace. Qui était en place arrière ? Nous ne le savons pas (*). Espérons qu’il a apprécié car, c’était sensible, qu’est-ce que « Tao » lui a mis dans la paillasse !!

Mirage 2000N Ramex

Décollage des Ramex Delta : belle démo tactique des Mirage 2000N d’Istres !

Super Puma Suisse

L’une des démo les plus spectaculaires du plateau, le Super Puma suisse. Notez le salut de l’équipage avec ses gants rouges. Sachant que l’appareil est en translation latérale pour remonter la ligne des spectateurs, les connaisseurs apprécieront la synchronisation de l’équipage.

altitude suffisante

Victime d’un léger incident technique, le pilote du Fouga a préféré annuler sa démo après le décollage le dimanche. Dommage, son vol du samedi avait été très intéressant à suivre. Il est vu ici juste après son décollage.

2 par 2

Les instructeurs de l’École de Chasse ont effectué un vol à 4 basé sur l’utilisation des différentes formations offensives et défensives qui constituent la base du travail en formation serrée.

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Passage au break des avions de l’Ecole de chasse, le Leader est le premier à quitter la formation.

Double Apache Roll PAF

Une des nouvelles figures de la PAF 2015, un « Apache Roll » à deux. Spectaculaire et élégant.

PAF a 4

Une autre nouvelle figure de la PAF 2015, ouvertement inspirée du passage en persiennes de la Patrouille suisse. Il y a bien 4 Alpha Jet sur la photo, même si le quatrième est totalement caché.

Red one

Année après année, les Reds démontrent qu’ils restent les maîtres de la discipline, même si leur routine semble n’avoir que très peu évolué.

Précision britannique

Les passages et croisements spectaculaires des Red Arrows ont régalé le public.

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Un petit faucon crécerelle assiste aux évolutions des Red Arrows.

Volutes belges

Volutes belges et F-16 en furie.

 Il est finalement assez simple de tirer un bilan de ce meeting de l’Air nouvelle formule : en dépit d’un plateau qui pouvait être amélioré, une bonne organisation et surtout une météo d’enfer, le tour est dans le sac !

 

(*) Patrice Olivier (Aéropix’Ailes) me précise que le pax de « Tao » était « Nanard » pilote créateur des Ramex Delta… Un confrère qui a donc dû bien apprécier cette découverte du Rafale !

Dash 8Q400MR, 10 ans après les polémiques, quel bilan ?

Le premier Dash 8Q400MR « Fireguard » de la Sécurité Civile, modifié en avion de lutte anti-incendies chez Cascade Aerospace à Abbotsfort en Colombie Britannique, et porteur de l’indicatif Milan 73, a été livré quelques jours seulement après le Salon du Bourget 2005 au milieu d’une belle polémique.

Le nouveau fleuron de la Sécurité Civile capable de larguer 10 tonnes de retardant, n’atteignait pas les minimums prescrits par l’appel d’offre signé deux ans plus tôt par le Ministre de l’Intérieur. Le cas du facteur de charge limite, 2,25 g au lieu des 3,5 g demandés semblait  rédhibitoire aux yeux des observateurs les plus avisés et même certains pilotes. Des inquiétudes étaient aussi émises à propos du comportement possible de cet avion très fin, optimisé pour la moyenne-haute altitude, au cours de vols en basse couche et dans les turbulences causées par le vent et les incendies, et donc de son vieillissement.

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Avion de ligne moyen courrier, le Bombardier Q400 est la version allongée et insonorisée (Q pour Quiet) du DHC-8. Il dispose de deux turbines PW150A pouvant développer plus de 5000 shp au maximum, 4850 shp en continu.

L’été 2005 a vu la Sécurité Civile perdre trois avions en opérations, deux Tracker et un CL-415, et surtout quatre hommes. Le dernier accident ayant entraîné l’arrêt temporaire des vols des Canadair, le Milan 73 a été envoyé au feu pour de bon avant même la fin de sa période de réception.

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Sur cette photo prise au printemps 2008 à Marignane, le Milan 74 est déjà en configuration « feux de forêts » tandis que le Milan 73 va décoller pour une mission d’entraînement en configuration passagers.

La polémique ne s’est pas tue pour autant et il fut même question un moment que les deux appareils, Milan 74 ayant été livré à l’automne, repartent chez leur constructeur. Il n’en fut finalement rien ; les deux appareils, achetés d’occasion auprès de la compagnie scandinave SAS et transformés au Canada pour un coût global d’environ 60 millions d’Euros étant définitivement admis au service actif à la fin de l’été 2006.

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En 2010 et 2011, les deux Q400MR de la Sécurité Civile ont eu l’honneur du défilé du 14 juillet au-dessus de Paris. Ils sont vus ici le 14 juillet 2011 au-dessus des tours de la Défense, à quelques secondes d’aborder les Champs-Élysées.

Les équipages ont fini par s’adapter à la puissance du moyen-courrier canadien et à l’utiliser sur feu sans « tirer sur la bête ». Son allonge – et aussi son confort, il est le seul appareil de la flotte à être doté de toilettes dignes de ce nom – lui a aussi permis d’être l’outil de projection des forces et de la logistique du Ministère de l’Intérieur.

A ce titre, l’année 2010 fut un moment charnière dans la jeune histoire du Q400MR. En janvier Milan 74 est envoyé à Haïti après le terrible tremblement de terre. Il passe un mois à effectuer des Evasan entre Port au Prince et Fort de France. En août, ce même avion est envoyé en Russie, à Nihzny Novgorod. Au cours du détachement qui a duré une dizaine de jour, il effectue une cinquantaine de largages. A l’automne, un Q400MR est envoyé sur l’île de la Réunion pour combattre les feux qui éclatent pendant le printemps austral, un déploiement reconduit depuis chaque année.

En plus de ces très nombreuses missions spécifiques, les deux appareils sont aussi utilisés pour des missions variées au profit du Ministère de l’Intérieur, l’organisme de tutelle de la Sécurité Civile.

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Spectaculaire largage du Milan 74 lors du meeting aérien organisé à Aix en Provence le 2 juin 2013 pour célébrer le cinquantenaire de la base de bombardiers d’eau française. L’EC-145 est ici utilisé comme appareil pointeur pour marquer la zone de largage.

Après des milliers d’heures de vol – ces appareils effectuent environ 450 heures de vol par an chacun – des largages effectués dans toutes les conditions atmosphériques ou topographiques imaginables, des dizaines de missions parfois à très long cours, les débats, désormais vieux d’une décennie, n’ont pourtant pas été oubliés et ressurgissent avec une régularité étonnante. Mais les deux avions remplissent, jour après jour, leurs missions sans faire autrement parler d’eux.

Bien sûr, on pourrait toujours se dire que deux C-130 pourraient faire le même travail avec de meilleures performances, et de façon plus pratique – il faut savoir à quel point une rampe de chargement arrière aurait été utile pour le Dash 8 envoyé à Haïti après le tremblement de terre – et pour peut-être moins cher. Mais l’histoire ne se réécrit pas.

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Photographié en longue finale de la piste 07 du Bourget le 10 juin 2015, le Milan 74 était encore en configuration passagers ou fret.

Avec le retrait prévu du Tracker à la fin de la décennie, la Sécurité Civile va se retrouver    sans appareil pour ses missions décisives de Guet Aérien Armé. Un des scénario possible serait l’extension de la flotte de « Fireguard », sachant que son concepteur, la société canadienne Conair, envisage de relancer la transformation de Dash 8 sur ce même modèle pour remplacer sa flotte vieillissante de Convair 580. On pourrait voir là un opportunité pour faire quelques économies en profitant de cette production en (petite) série.

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En juin 2015 Milan 73 a reçu une décoration spéciale temporaire pour célébrer ses 10 ans de service. (Marc Hessloehl/Sécurité Civile)

Quoi qu’il en soit, cet été, Milan 73, revêtu d’une livrée spéciale anniversaire évoquant clairement son indicatif radio, et Milan 74 apporteront un appui massif en retardant lors des opérations contre les feux qui ne manqueront pas d’éclater dans le sud de la France.

Meeting aérien du centenaire, Base Aérienne 705, Tours (1/2)

Le deuxième Meeting Aérien de l’Air de la saison 2015, organisé par la FOSA, s’est déroulé le weekend des 6 et 7 juin. Le premier s’est déroulé sur la base de la Solenzara la semaine précédente, le troisième et dernier se tiendra à Luxeuil le weekend des 27 et 28 juin.

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Des affiches des trois meetings de l’Air 2015, celle de Tours est, de loin, la plus réussie.

Pour quelques spotters privilégiés, qui s’étaient inscrits assez tôt, les portes de la base se sont même ouvertes dès le matin du vendredi 5 juin afin de pouvoir assister aux arrivées. Une fois les formalités d’entrée sur la base, un briefing a été donné dans l’amphithéâtre de l’École de Chasse avec un mot d’ordre qui a tout de suite rassuré l’assistance puisque le responsable de l’opération, assisté par des personnels volontaires de la base, a mis l’accent sur le besoin de retour d’expérience de leur part pour améliorer encore, dans l’avenir, ce genre de « manip ».

Cette approche « collaborative » entre les passionnés et l’Armée de l’air a été grandement approuvée et il ne fait aucun doute que les quelques légers « couacs » enregistrés au cours du weekend vont aider à ce qu’ils ne surviennent plus.

Installés au bord de la piste, près de l’ILS de la piste 20 et à proximité de la tour de contrôle, les spotters ont donc passé une partie de la journée à suivre les arrivées et les premières répétitions, sous un soleil de plomb. Notons que l’organisation avait prévu un ravitaillement en eau de 3 litres par personne, une attention aussi indispensable qu’appréciable.

Feu 16

Décollage en fanfare du Solo Display F-16 belge.

A10

L’avion le plus attendu du meeting, le A-10 Thunderbolt II, le tueur de chars de l’USAF.

Le programme du meeting diffusé quelques jours avant l’évènement avait confirmé quelques craintes. Ce ne serait pas « le » meeting du siècle, avec un plateau statique comme dynamique relativement clairsemé. Mais quelques bonnes surprises ont réussi à soulever l’enthousiasme des passionnés.

RJ Hop

Une journée en bord de piste, c’est aussi l’occasion d’immortaliser quelques avions de ligne comme ce CRJ-1000 de la compagnie « Hop ! »

146 G-TYPH

L’arrivée du BAe 146-200 G-TYPH a été une bonne surprise puisque cet appareil sert aux déplacements des VIP de BAe Systems.

Le samedi était une répétition générale du meeting à l’intention des militaires de la base et de leurs familles. Après avoir eu le privilège de pouvoir arpenter, au pas de charge cependant, le vaste parking de l’École de Chasse, les « gilets jaunes » ont rejoint le bord de piste. Le vent ayant tourné, la position près de l’ILS 20 s’est avéré bien moins intéressante et la majeure partie des spotters s’est retrouvée sur la pelouse entre le taxi-way et la piste, à la meilleur place !

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Troupeau de gilets fluo jaunes. Les spotters sur le parking de l’EAC.

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Arrivée d’un Typhoon flambant neuf de l’aviation saoudienne. Tours a été la première étape de son convoyage. Personne ne s’en plaindra.

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Avant qu’il ne soit ceint de barrières trop proches, l’Apha Jet porteur de la décoration spéciale commémorative a été copieusement mitraillé par les spotters, bien contents de l’aubaine.

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Après quelques minutes, très aimablement, les équipes de l’EAC ont tourné l’appareil pour que nous puissions photographier son côté gauche bien éclairé. Merci messieurs !

Ces deux jours dévolus aux préparations du meeting ont permis de multiplier les prises de vues et d’assister au spectacle dans les meilleures conditions possibles.

(à suivre)

Un nouveau S-2T pour le CalFire (MàJ 07/07/2015)

Le 7 octobre 2014, le S-2T Tracker Tanker 81 du Cal Fire était perdu lors d’un accident au cours d’une intervention sur feux dans le parc du Yosemite. Son pilote, Geoffrey « Craig » Hunt perdit la vie dans la catastrophe.

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20 mars 2014, le Tracker 81 décolle de Sacramento pour un vol de réception à l’issue de son chantier de révision annuel. Cet appareil est perdu avec son pilote le 7 octobre lors d’un feu dans le parc de Yosemite. (photo : F. Marsaly)

Outre la douloureuse perte d’un pilote unanimement reconnu pour ses qualités professionnelles et humaines, cet accident a amputé les capacités opérationnelles du Cal Fire, une situation inacceptable dans un État touché par une sécheresse exceptionnelle depuis plusieurs années et où les risques d’incendies majeurs n’ont jamais été aussi élevés.

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Les Tracker californiens ont été transformés au début des années 2000 par Marsh Aviation dans l’Arizona sur base de S-2E, F et G. (photo : F. Marsaly)

Le Cal Fire vient donc d’annoncer avoir demandé à DynCorp International, la société qui exploite la flotte de bombardiers d’eau pour le compte de l’État de Californie, de lancer le processus industriel afin de mettre en chantier une des cellules de Tracker dont elle est propriétaire et de le mettre au standard S-2T. Ce chantier sera effectué dans les ateliers de DynCorp sur l’aérodrome de McClellan à Sacramento et le nouveau bombardier d’eau devrait être disponible pour la saison prochaine.

Cependant, le lancement officiel de l’opération n’a pas encore était fait puisque la question du financement doit être tranché par le gouvernement de Californie.

Si le nouveau tanker sera conforme au STC dont le Cal Fire est propriétaire et dont les caractéristiques principales sont les turbines TPE331 de 1650 ch, la soute à retardant de 4400 litres équipée d’un système de largage à flux constant et un point de remplissage situé à l’extrémité du fuselage, sous la dérive, à la place de la perche de détection magnétique bien évidemment supprimée, cet appareil devrait inclure un certain nombre d’innovations et d’évolutions qui pourraient distinguer cet avion de ses compagnons d’écurie produits au début des années 2000 par la société Marsh en Arizona.

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Sur son berceau de maintenance, cette soute à retardant de Tracker révisée, attend d’être réinstallée sur son avion porteur. (photo : F. Marsaly)

Il faut cependant noter que le Cal Fire dispose encore de nombreuses cellules de S-2G stockées, prêtes à subir aussi la transformation en bombardier d’eau, ce qui permettrait de renouveler progressivement, à terme, la flotte du Cal Fire. Il faudra pour cela adopter une position volontariste en lançant la mise en chantier de plusieurs cellules afin de rentabiliser les investissements consentis pour le chantier du nouveau S-2T.

A l’heure ou la Sécurité Civile s’interroge sur le successeur de ses Conair Firecat – aux capacités sensiblement inférieures aux S-2T Californiens – pour la mission essentielle du Guet Aérien ARmé (GAAR), le retour en production de cet appareil pourrait être une bonne nouvelle et une opportunité unique, pour peu que les budgets français suivent…

 

Ferté-Alais, le temps des hélices 2015

Si ce 43e meeting aérien de la Ferté-Alais n’a pas été le plus brillant de tous, il était quand même constitué d’un menu alléchant et de très bonne tenue, avec quelques jolies nouveautés et sans oublier les bonnes recettes, désormais traditionnelles, sans lesquelles la Ferté ne serait pas la Ferté.

Affiche Ferté 2015Passons rapidement sur les absents – qui ont donc forcément tort – le Catalina et le CAC Boomerang, et on n’oubliera pas de préciser que ce sont des mécaniques précieuses, fragiles et capricieuses et qu’on pourra comprendre qu’à la moindre inquiétude, on bâche un vol, fût-il de convoyage en direction du meeting.

D’ailleurs, si le Ju-52 venu d’Allemagne n’a pas assuré sa moisson de baptême de l’air le samedi et si le Lockheed 12 n’a volé que le dimanche, c’est bien aussi parce qu’ils ont nécessité toute l’attention de leurs équipes techniques. Pour le Ju, c’est surtout dommage pour les passagers qui ne pouvaient pas repousser leur vol.

Mais parlons plutôt des présents. Le soleil était là et bien là, même si le dimanche a été plus couvert que le samedi. Étaient aussi bien là les innombrables haut-parleurs entre le public et la piste et même si on commence à s’y habituer, il ne faudrait pas que cette plantation se densifie encore. D’ailleurs, pourrait-il y avoir une zone « on s’en fout des commentaires » pour que les amateurs qui sont là aussi pour discuter avec leurs amis puissent profiter du spectacle vu qu’en général, ils connaissent aussi le commentaire par coeur ?

Pour le reste, rien à redire. Les pilotes ont assuré le spectacle avec leurs avions comme d’habitude avec quelques nouveautés bien intéressantes.

Bien sûr, la vedette du Meeting a été le Gloster Gladiator venu d’Angleterre qui faisait sa première apparition à Cerny. Il était accompagné de l’inévitable Spitfire venu de Dijon (ne jouons pas les blasés, on ne peut pas se lasser d’un Spit, c’est pas possible !) et du Hurricane très discrètement basé dans le sud de la France par son propriétaire hollandais depuis deux ans et qui faisait sa première apparition publique.

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Cette patrouille mixte Gladiator et Spitfire résume à merveille l’évolution technique, et esthétique, des chasseurs anglais de la 2e guerre mondiale.

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Avion techniquement dépassé au début de la guerre, le Gladiator a connu pourtant le succès aux mains des Finlandais mais aussi des pilotes Anglais à Malte et en Grèce.

Si la démo du Gladiator était sympa, j’ai particulièrement apprécié celle du Hurricane qui, en se contentant de « passages à l’anglaise » ne nous l’a pas joué « champion de voltige » et au final nous a offert d’admirer cet appareil sous des angles flatteurs. C’est simple, épuré et terriblement efficace. Un exemple à suivre ! (*)

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Quand un avion anglais fait un passage à l’anglaise le pilote n’est pas forcément un sujet britannique !

Mais le coup de cœur du meeting est à adresser à la compagnie Europe Airpost qui est venue présenter en vol un Boeing 737. Quelle bonne surprise de découvrir que cet avion était paré d’une décoration spéciale de circonstance. Merci et bravo pour le clin d’œil !!!

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Europe Airpost aime la Ferté. Bravo pour cette décoration spéciale de circonstance !

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La décoration spéciale du Boeing 737 a été très appréciée par le public présent.

Des décorations spéciales, les deux bombardiers d’eau de la Sécurité Civile en portaient aussi. Le « Pélican 32 » est toujours revêtu du schéma de décoration imaginé par Julien Camp pour le cinquantenaire de la base en 2013 et le Tracker T07 est l’avion porteur de la décoration spéciale « 30 ans du secteur Tracker » depuis 2012.

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Comme lors des opérations réelles, le Tracker a procédé à l’attaque initiale…

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… et le « Pélican » a terminé le travail. Ces deux appareils sont clairement complémentaires et leur succession ne va pas être simple.

Alors que les CL-415 vont célébrer à Marseille les 20 ans de leur arrivée en France, la démonstration en vol de ces deux appareils n’est pas passée inaperçue. Ce retour en meeting aérien a fait plaisir à tout le monde.

On notera aussi avec plaisir que le nouvel Aviatik des Casques de Cuir a volé, ainsi que le Bristol Fighter de Memorial Flight et le Caudron G3 de l’AJBS. Samedi, après le meeting, c’est le Sopwith Strutter qui a fait une sortie. Des machines rares, il y en avait donc quelques unes !

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Le Caudron G3 de l’Amicale n’avait plus été vu au meeting depuis quelques années. Un retour qu’il fallait saluer.

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Le Sopwith Strutter de Memorial Flight a volé en toute fin de meeting. Quand on vous dit qu’il ne faut pas se précipiter sur la route dès la fin du show…

Ajoutons que la Marine a encore ouvert le bal avec deux Rafale accompagnés des uniques MS760 Paris et Breguet Alizé, première apparition dans l’Essonne pour ce dernier, que la démo combinée des deux Hawker, Sea Fury et Hunter est toujours aussi enthousiasmante, que, décidément, un DC-3 et deux Beech 18 rutilants, c’est splendide sous tous les angles.

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La présence de la Marine était assurée par deux Rafale (dont le n°10, premier Rafale standard F1 passé en F3 après un chantier de trois ans) et deux Warbirds uniques, le Breguet Alizé et le MS Paris.

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Quoi de mieux pour évoquer l’aviation civile de la fin des années 30 que deux Beech accompagnant un DC-3. Trois avions rutilants, magnifiques, aussi beaux à regarder qu’agréables à écouter.

Reste le cas du Rafale solo display. Si la démo de « Tao » est toujours aussi propre et efficace, la décoration du « Monster Tiger » vert fait débat. Personnellement, c’est une déco qui m’a donné soif. Mais Perrier ou Heineken, je n’ai pas réussi à choisir.

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Si la décoration du Rafale Solo Display 2015, hérité du récent Tiger Meet peut faire débat, le pilotage de « Tao » ne souffre, quant à lui, d’aucune critique.

Autre temps fort, la voltige aérienne du Bo105 de l’écurie du taureau rouge, absolument stupéfiante de maîtrise. Il est assez inhabituel de photographier un hélicoptère ainsi.

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Démonstration de voltige époustouflante avec un Bo105. Spectaculaire.

Il y avait encore bien des avions à voir voler puisque le commentateur, Bernard Chabbert, a annoncé que pour le samedi, c’est environ 140 avions qui ont volé dans l’après-midi pour le seul plaisir des spectateurs… et de leurs pilotes. Avec une météo presque idéale, sauf en fin d’après-midi où les nuages ont été un petit peu trop denses, un plateau finalement assez relevé, la foule ne s’y est pas trompée et un record d’affluence a été établi.

Rendez-vous en 2016 !

 

(*) : le Hurricane a été malheureusement endommagé au retour du meeting à la suite d’une sortie de piste à Dijon-Darois le dimanche soir. Les photos montrent des dégâts à l’hélice et au train d’atterrissage. Espérons que ce ne soit pas trop grave et que l’appareil revole bientôt, on a hâte de le revoir dans son élément.

Walt Darran International Aerial Firefighting Award

Depuis deux ans, les pompiers du ciel ont leur récompense, un trophée destiné à distinguer un individu ou un organisme qui aura contribué significativement à l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des équipages des aéronefs de lutte anti-incendie ainsi qu’à l’efficacité de leur mission.

Ce trophée porte le nom d’un pilote du Cal Fire, décédé en 2013 après une carrière bien remplie et qui contribua, par de nombreuses actions, prises de position et fonctions au sein de différents organismes, à améliorer la situation de ses collègues. Après sa disparition, ses amis ont donc décidé de perpétuer son souvenir en rendant hommage à ceux qui, comme lui, s’engagent pour améliorer les conditions d’exercice de cette profession difficile.


Walter « Walt » Darran (1940-2013)


La carrière de pilote de Walt a commencé au sein de l’US Navy. Pilote de Skyraider, il participe à la guerre du Vietnam avant de rejoindre Air America. De retour aux USA, il débute une carrière de pilote de bombardier d’eau en 1971 chez Hemet Valley Flying Services et participe notamment, au début des années 70, aux premiers essais du S-2 Tracker modifié pour cette mission.

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Walt Darran, prêt à mettre en route son S-2 Tracker. (Photo : Firepirates.com)

En 1979, il quitte le métier pour devenir copilote sur les Boeing 737 d’AirCal puis devient commandant de bord chez American Airlines.

A 60 ans, atteint par la limite d’âge pour exercer son métier de pilote de ligne et considéré légalement comme inapte à se servir d’un pilote automatique, il quitte la ligne pour retrouver le cockpit d’un monomoteur AgCat bombardier d’eau avant d’intégrer, l’année suivante, le California Fire Department, aujourd’hui Cal Fire, et de voler sur Tracker, un avion heureusement dépourvu de toute aide automatique au pilotage. Il est le pilote attitré du Tanker 93 de la base de Chico jusqu’à ce qu’il raccroche casque et gants en 2009.

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Pendant des années, le Tracker 93 a été la monture personnelle de Walt Darran sur la base de Chico. (Photo : Firepirates.com)

Lors de cette nouvelle carrière Walt s’est fortement engagé, notamment au sein de l’Associated Aerial Firefighter dont l’objectif est de promouvoir un environnement professionnel plus sûr et plus efficace aux acteurs de la lutte aérienne contre les incendies, en devenant Président de la commission de sécurité et finalement, Président de l’association.

Quelques mois avant sa disparition, Walt avait répondu aux questions de Bill Gabbert, le webmaster du blog « Fire Aviation », tandis que dans son article dans la newsletter du CFPA, en octobre 2013, Chuck Lees avait retracé les grandes lignes de cette fantastique carrière. La liste des avions sur lesquels il a volé au cours de ses quelques 2600 heures de vol sur feux est juste impressionnante.



Le premier Walt Darran Award est décerné en 2014 à George Petterson, ancien enquêteur du National Transportation Safety Bureau, l’organisme en charge des enquêtes techniques sur les accidents impliquant des moyens de transport aux USA.

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M. George Petterson, ancien enquêteur du NTSB et premier récipiendaire du Walt Darran International Aerial Firefighting Award en 2014.

Sur ses fonds propres, après le spectaculaire accident du C-130A Tanker 130 à Walker en Californie, il a relancé l’enquête sur un précédent accident qui avait touché en un autre C-130A des pompiers du ciel américains, le Tanker 82, tombé en 1994 dans les collines au sud de Pearblossom, toujours en Californie, un accident qui était resté globalement inexpliqué. Sentant qu’il pouvait y avoir un point commun entre les deux drames, qui ont coûté la vie à six aviateurs au total, il est retourné prélever des débris sur le site du crash de 1994 et a financé leur analyse.

C’est ainsi qu’il a pu confirmer que les deux avions avaient été victimes d’une même défaillance du longeron principal, dont les fissures étaient restées, faute d’entretien spécifique, indétectées. Cette découverte a entraîné la publication d’un « Service Bulletin » par Lockheed pour que les longerons des C-130A soient mis systématiquement sous surveillance. Il ne fait aucun doute que la très grande implication de M. Petterson dans son travail a sauvé des vies et pas seulement au sein des pompiers du ciel.

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Philippe Bodino (au centre), lors de la remise de son prix.

En 2015, c’est le français Philippe Bodino qui est distingué. Officier du corps des Sapeur-Pompiers, M. Bodino, a dirigé la rédaction du Guide d’Emploi des moyens aériens, puis a commandé l’École Nationale Supérieure des Officiers de Sapeur-Pompiers (ENSOSP) à Aix en Provence.

Auparavant, en tant que chef du service opérations à l’état major de Sécurité civile de la zone sud, il avait participé à l’évaluation opérationnelle des nouveaux avions CL-415 de la Sécurité Civile.

Le troisième Walt Darran Award sera décerné lors de la conférence Aerial Fire Fighting 2016 qui se déroulera à Sacramento au mois de mars prochain.

Zadar, AFF2015 Europe

Organisées par la société britannique Tangent Link, les conférences internationales annuelles Aerial Fire Fighting se déroulent alternativement sur le continent américain ou sur le continent européen. L’an dernier, l’AFF 2014 avait été organisé sur l’aérodrome de McClellan à Sacramento, capitale de la Californie, mais où se trouve aussi la base principale du Cal Fire. En 2015, c’est à Zadar, jolie ville balnéaire croate sur la côte adriatique que la manifestation a pris place.

Zadar Header

Le choix de cette ville ne doit rien au hasard puisque l’aéroport de la ville partage ses installations avec une base aérienne, laquelle héberge l’école de pilotage de la Force Aérienne Croate et ses Pilatus PC-9, une escadrille d’hélicoptères et la 855e escadrille équipée de CL-415 et monoturbine Air Tractor, en charge de la lutte aérienne anti-incendie.

L’objectif de cette manifestation est de regrouper tous les acteurs du secteur, industriels, opérateurs publics et privés, sous-traitants, pilotes, techniciens ou dirigeants, afin que des échanges puissent bénéficier à tous, partenaires comme concurrents, à commencer par la sécurité et l’efficacité des opérations. Pour cela, de nombreuses interventions de professionnels reconnus sont organisées, accompagnés d’un petit salon spécialisé et d’un programme de démonstrations en vol. Comme beaucoup de colloques internationaux, le ticket d’entrée sert également de filtre pour écarter les simples curieux puisqu’il faut compter plus de 1000 $ par personne pour pouvoir accéder à la manifestation.

Les choses sérieuses commencèrent dès le mercredi matin, dans la grande salle de conférence du centre omnisports de la ville avec un programme copieux de conférences offertes par des industriels, des opérateurs ou des scientifiques, impliqués dans le développement des outils et des méthodes de lutte contre les feux de forêts.

Parmi les interventions les plus notables, celle du  Major Turkovic, commandant de l’escadron de lutte anti-incendie croate a permis de saisir les subtilités des opérations transfrontalières entre les pays de l’ex-Yougoslavie. Le Dr Huseinbasic, de Bosnie, a expliqué les difficultés des opérations contre les feux sur les anciens champs de batailles des récentes guerres des Balkans encore contaminées par de nombreuses mines et munitions non explosées. Des représentants de Dyncorp, opérateur des avions du Cal Fire, d’Inaer, opérateur de flottes spécialisées en Espagne et en Italie, du constructeur Air Tractor et de Coulson Flying Tankers, sont venus présenter leurs entreprises, leurs produits, leurs méthodes et leurs perspectives de développement. Plusieurs pilotes et représentants gouvernementaux, dont ceux de la France, du Liban, d’Espagne, de Russie, d’Australie, du Chili et de Roumanie ont également évoqué certaines de leurs spécificités nationales.

Plusieurs industriels étaient également présent pour tracer des perspectives ouvertes par certains développements technologiques pouvant intéresser les opérateurs de ce domaine. En Suède, SAAB  étudie la possibilité de développer des HUD adaptés aux opérations de lutte anti-incendie, pour avions comme hélicoptères. Les japonais, de leur côté, ont travaillé sur des simulations de systèmes de guidage et d’alerte de trajectoires pour les bombardiers d’eau, avec sans doute en tête une hypothétique version spécialisée du US-2i ShinMeiwa à bord duquel l’équipage pourrait disposer de viseurs de casque à l’instar des pilotes des chasseurs et hélicoptères de combat les plus avancés.

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Victor Devouge, ‎Chef du Bureau des Moyens Aériens de la Sécurité Civile française au cours de son allocution relative à la doctrine d’utilisation des appareils dans notre pays et à ses perspectives d’avenir.

Entre chaque session de conférences, il était possible de prendre une pause en déambulant parmi la vingtaine de stands tenus par des industriels du secteur, venus du monde entier comme Conair, Coulson Flying Tanker, Dyncorp, Air Tractor, International Air Response, 10 Tanker Air Carrier, Sierra Nevada Corporation, Global Supertanker Services, Inaer et bien d’autres encore.

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Le stand de la société Global SuperTanker Services qui chercher à relancer le Boeing 747 comme appareil de lutte contre les feux de forêts en partant du projet développé par Evergreen.

Le soir venu, un dîner de gala a été offert par l’organisateur dans une très belle salle de réception près du port, l’Arsenal. Au cours des festivités, le français Philippe Bodino a été honoré par l’attribution du Walt Darran International Aerial Firefighting Award.

Le lendemain matin, les participants à l’évènement ont été conduits sur la base aérienne pour assister à un court, mais dense, programme de présentations en vol.

La démonstration d’un CL-215T espagnol a été suivie par celles de trois avions croates, un AT-802F, un « Fire Boss » et un CL-415. Ensuite un Mil Mi 171 a effectué une dépose- récupération d’une équipe de pompier grâce à la méthode, éprouvée, de la grappe,  avant qu’un CL-415 des Vigili del Fuoco ne vienne terminer le programme. Cet avion avait la particularité d’être équipé de rampes d’épandage sous les ailes, utilisables avec les dispersants efficaces contre les marrées noires par exemple. Cette installation permet toutefois au CL-415 de conserver intactes ses capacités de lutte anti-incendies.

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Le CL-215T venu d’Espagne en plein largage.

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Un des six CL-415 de l’aviation militaire croate.

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Les Mil Mi 171 de l’aviation Croate peuvent être utilisés pour acheminer des pompiers dans les zones les moins accessibles.

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Ils peuvent être récupérés ensuite selon différentes méthodes comme la grappe.

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En plus de ses CL-415, l’aviation croate possède six monoturbine Air Tractor dont plusieurs Fire Boss, à flotteurs et capables d’écoper.

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Les Air Tractor AT-802F de l’aviation croate peuvent emporter jusqu’à 3 tonnes d’eau ou de retardant.

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Les pompiers italiens disposent d’un kit d’épandage sur CL-415 permettant à l’avion de lutter contre les marrées noires avec des dispersants chimiques.

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L’appareil équipé du système d’épandage conserve toutes ses capacités anti-incendies.

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Détail de la pompe et des rampes d’épandages sur le CL-415 des Vigili del Fueco.

Au statique se trouvaient deux autres Air Tractor biplaces, dont un Fireboss à flotteurs, un PC-9 de l’école de l’Air croate, un Bell 206 basé localement et un CL-415 de la Sécurité Civile qui, victime d’un souci technique en arrivant, est resté au sol en attendant une intervention des équipes techniques françaises.

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Un des AT-802F biplaces de l’aviation Croate. Il est utilisé pour la transformation des équipages mais conserve toutes ses capacités opérationnelles.

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Les Fireboss existent aussi en version biplace pour la formation et la transformation des équipages.

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Le CL-415 « Pélican 35 » sur le parking avions de la base de Zadar.

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Pilatus PC-9 de l’école d’aviation militaire croate.

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Bell 206 de l’aviation militaire croate. Dommage que cette livrée originale et voyante n’ait pas été appliquée aussi sur les avions de lutte anti-incendie.

Les dernières conférences se sont déroulée dans l’après-midi avant que les participants ne se séparent.

La richesse informative de ces communications tout comme la qualité des différents intervenants positionnent clairement les évènements AFF de Tangent Link comme des moments importants, peut-être incontournables, juste avant le début des saisons feux dans l’hémisphère nord. Il faut donc absolument saluer l’existence d’un tel forum international où les échanges, qu’ils soient d’ordres techniques, opérationnels ou même commerciaux ne peuvent qu’enrichir les cultures professionnelles des participants, des opérateurs et des nations qu’ils représentent.

D’ors et déjà, le AFF2016 Event est prévu pour le mois de mars prochain et se déroulera une fois de plus à Sacramento.

Cessna célèbre les 30 ans du C208 Caravan… qui a fait son premier vol en 1982…

… et qui a été certifié en 1984, drôle de calcul.

Néanmoins, le nouveau C208 EX, qui devrait être présenté lors du prochain Salon du Bourget, permet de rappeler qu’au delà des monomoteurs à pistons et des jets d’affaires, Cessna s’est lancé avec bonheur dans la catégorie des avions utilitaires avec ce monoturbine bon à tout faire, digne successeur du Beaver !

Capable de se poser vraiment n’importe où, même sur l’eau pour peu qu’on le dote de ses flotteurs EDO, aménagé façon commuteur haute densité ou bien en salon VIP confortable, le Caravan n’est pas un avion très rapide (encore qu’avec ses 170 kt, il n’est pas vraiment ridicule) mais c’est une vraie Jeep du ciel avec une charge utile importante et des coûts d’exploitation raisonnables.

DSC_8983Bien sûr, 2500 exemplaires et plus, c’est bien peu pour Cessna si on compare avec la production des monomoteurs à pistons comme l’incontournable C172, mais si on compare avec les rares appareils de ce segment (Quest Kodiak, PAC P-750, mais aussi, dans une moindre mesure TBM 900 et PC-12), il est un vrai succès commercial encore plein d’avenir. Mais il est vrai que cette catégorie d’avions « utilitaires » ne capte pas vraiment les feux de l’actualité et ces appareils souffrent réellement d’un déficit de notoriété particulièrement injuste. Caravan I

Si vous avez envie d’en savoir plus, n’hésitez pas à vous procurer ce livre :CARAVAN_book
http://www.asa2fly.com/Caravan-Cessnas-Swiss-Army-Knife-with-Wings–P1051.aspx
Histoire de l’avion, conseils aux pilotes et exploitants, expériences vécues, c’est une véritable petite encyclopédie pratique vivante dense, passionnante…. et peu onéreuse.

En attendant, Cessna propose à ceux qui ont un souvenir particulier à partager sur cet avion à donner leur témoignage ici :

http://txtav.force.com/caravan30

Alors, un vol un peu chaud entre St Martin et St Barth, une arrivée féérique sur l’ïle d’Ouessant, un amerrissage au paradis en Alaska, racontez !

J’ai eu le plaisir de voler une paire d’heures comme passager à bord de cet avion, et j’ai bon espoir de pouvoir un jour le piloter, il fait vraiment partie des « avions sympas »…