Cloué au sol à la fin de son dernier contrat avec la Province de Colombie Britannique en septembre 2013, le dernier Martin Mars opérationnel, le Hawaii, attendait patiemment de connaître son sort. Contrairement à son compagnon d’écurie, le Philippine, promis au Musée de Pensacola, le Hawaii était alors encore en parfait état de vol, seul son âge et son coût ayant entraîné cette décision.
Arrêté de vol en 2013, le Hawaii Mars pourrait reprendre du service bientôt. (Photo : Coulson Group)
Au cours de l’été 2014, alors que l’île de Vancouver connaissait quelques épisodes incendiaires sérieux, les habitants ont alors lancé une pétition pour inciter le gouvernement local à signer un nouveau contrat pour le Martin Mars, afin qu’il puisse venir en renfort des moyens déployés dans la région, en particulier des quatre AT-802F de la société Conair, destinés à le remplacer.
Change.org
En réaction, le 22 juillet 2014, le Gouvernement de Colombie Britannique publiait un document factuel relatif à la flotte de bombardiers d’eau de la Province et du Martin Mars en particulier :
BC Airtanker Fleet and the Martin Mars
Les arguments, dont certains sont effectivement irréfutables, n’ont pas, pour autant, fait plier les habitants, convaincus que seul le Mars, et ses 27 000 litres de capacité d’emport, était la solution au problème des feux dans le secteur.
Le début de l’été 2015 n’a pas dérogé à la règle et la région de Sproat Lake a été durement touché par d’important feux. Voir le Martin Mars encore au sec et noyé dans la fumée de ces incendies a tout simplement confirmé les supporters de l’hydravion dans leurs convictions.
La pétition, toujours en ligne et active, finit par dépasser les 18 000 signatures et de nombreux groupes facebook ont relayé l’envie pressante tandis que sur twitter, le débat faisait rage.
Surtout que le statut de l’avion a évolué récemment : Au début de l’été l’avion est redevenu opérationnel, non pas pour des feux de forêt, mais son exploitant a signé un contrat pour quelques dizaines d’heures de vol, devant être effectuées à partir de la mi-juillet, afin de participer à la formation de pilotes d’essais chinois au maniement d’hydravions de grande taille, au bénéfice du programme Avic 600.
Le coup de théâtre est arrivé le 7 juillet lorsque le Groupe Coulson annonça avoir signé un contrat avec la Colombie Britannique pour l’emploi du Martin Mars comme bombardier d’eau. Il s’agit d’un contrat « Call When Needed », c’est à dire un protocole d’accord de mise à disposition des moyens à la demande de l’autorité. Il faut juste que l’autorité en question active ces moyens, ce qui reste à sa seule discrétion.
Wayne Coulson, Président du Groupe Coulson ajoute : « Nous avons notifié à la province nos tarifs et nous avons désormais un contrat, nous n’attendons plus que les ordres du Gouvernement pour mettre le Mars en place. »
La Province de Colombie Britannique activera-t-elle le vénérable hydravion et ses 27 000 litres de capacité ? Rien n’est certain à cette heure.
Wayne Coulson, Président de Coulson Group, invité de la conférence Aerial Fire Fighting 2015 en mars à Zadar en Croatie.
L’autre Martin Mars, le Philippine, a fait aussi les gros titres de l’actualité canadienne. Inutilisé depuis 2007, l’appareil est destiné à rejoindre le musée de l’US Navy à Pensacola en Floride. Repeint aux couleurs de son premier exploitant, l’avion a été remise en état de vol en prévision de son convoyage, lequel a été repoussé à plusieurs reprises.
Il y a quelques semaines, des représentants conservateurs canadiens ont estimé que l’appareil faisait partie du patrimoine canadien, eu égard ses 50 années passées au service des forêts de Colombie Britannique, et qu’à ce titre, l’appareil ne pouvait pas être exporté. Ces avions ayant été construits aux USA et utilisé par l’US Navy jusqu’au milieu des années 50, l’argument a été, de fait, très contesté. Wayne Coulson, de son côté, a appelé au respect de sa propriété privée.
Les tenues de vol de l’équipage du Tanker 131 de Coulson Flying Tankers montrent bien à quel point le Martin Mars fait partie de l’ADN de l’entreprise.
Plus de 70 ans après leur sortie d’usine, ces deux avions continuent donc de faire parler d’eux. Ces rebondissements ne font que confirmer les deux Martin Mars dans leur statut de véritables légendes de l’histoire de l’aéronautique.