Rendez-vous annuel des passionnés d’aviation et de meetings aériens trépidants, le 45e épisode de la saga du Temps des Hélices s’est, une fois encore, distingué par quelques nouveautés importantes dans le programme, des invités de marque et des tableaux spectaculaires.
Malheureusement la météo a été aussi particulièrement capricieuse. Si, en 2016, on avait eu assez froid sur le plateau de Cerny, une averse particulièrement drue a définitivement stoppé le spectacle samedi vers 17h00 privant les spectateurs du clou du spectacle. Heureusement, ceux-ci ont quand même pu profiter de la majeure partie du show alors même que les prévisions météorologique étaient bien plus pessimistes que cela.
Dimanche, le temps était plus clément, moins humide mais les nuages étaient encore bien nombreux et un peu soudés parfois. Néanmoins, le spectacle a eu lieu dans son intégralité et, parce que la Ferté, c’est la Ferté, des modifications substantielles au programme ont été faites et les spectateurs du dimanche n’ont pas eu à le regretter.
Il y avait quelques belles nouveautés à observer, même pour les habitués du plateau. La première d’entre-elle était d’importance bien que ne faisant pas vraiment partie du meeting aérien proprement dit.
Depuis de nombreuses années, les matinées du Temps des Hélices sont l’occasion de proposer de nombreux baptêmes de l’air sur des avions anciens. En attendant le début du spectacle proprement dit, vers 13h00, ces avions occupent la piste et améliorent aussi le chiffre d’affaires de l’opération. Si le Junkers 52 suisse était fidèle au poste, l’Antonov 2 a été remplacé par un rare De Havilland Dove qui fut l’avion de la renaissance de l’aviation commerciale britannique à la fin de la seconde guerre mondiale et dont il reste, aujourd’hui, encore, une poignée d’exemplaires en état de vol.
L’AVA (Aero Vintage Academy) proposait, de son côté, des baptêmes à bord de son tout nouvel appareil, le T-28 N14113, récemment arrivé dans l’Essonne. Pour 650 €, il était possible d’effectuer 20 minutes de vol en place arrière de cette machine exceptionnelle. Travel Air, Stearman et T-6 n’étaient pas en reste. Ce fut un succès, ces avions ont effectué d’innombrables rotations pour le grand plaisir de leurs passagers mais aussi des spectateurs à qui ils ont servi, en quelque sorte, d’apéritif aéronautique.
L’invité vedette, le Gloster Gladiator de The Fighter Collection, en a profité pour faire un court vol d’essais. Malheureusement, victime un léger soucis technique, l’avion a été mis à l’abri dans le hangar du B-17 et deux mécaniciens anglais ont passé le weekend a travailler sur cette mécanique précieuse et l’appareil n’a pas pu être présenté en vol.
La suite du programme était constitué de tableaux auxquels ont est habitués mais dont on ne se lasse pas, comme celui du temps des As, occasion unique de voir évoluer l’extraordinaire et authentique SPAD XIII qui fête son centenaire cette année.
De leur côté, les avions des pionniers ont assuré leurs démonstrations toujours surprenantes.
En poursuivant l’histoire de l’aéronautique, l’aviation légère des années 30 a été évoquée par le Laird 300 qui faisait sa deuxième apparition à la Ferté, mais surtout par un biplace de tourisme Ryan SCW, immatriculé en Australie et présenté pour la première fois en France.
Bien sûr, c’est le Tora Tora Tora qui demeure l’exercice le plus spectaculaire du meeting aérien de la Ferté-Alais.
Évoquant l’attaque de décembre 1941 contre la flotte américaine dans le port hawaïen, ce tableau relève, cependant, plus du show cinématographique que de la reconstitution historique puisque les avions japonais sont incarnés par des North American T-6.
Cette astuce de mise en scène, largement utilisée à Hollywood car rares sont les avions japonais de cette période à avoir survécu au conflit, appuyée par une débauche d’effets pyrotechniques et par un scénario éprouvé met également en scène des Boeing Stearman et un P-40.
Une quinzaine d’avions se retrouve alors en l’air… les habitués apprécient toujours, les nouveaux venus en prennent plein les mirettes !
A l’issue de leur vol, les avions remontent la piste et les aviateurs saluent les spectateurs.
C’est l’occasion de reconnaître certains d’entre eux comme l’inévitable Jack Krine et son immense moustache, mais aussi de voir à quel point certains poussent la reconstitution en adaptant leur look.
Du Rafale, il en a aussi été question grâce à l’armée de l’Air qui à dépêché dans l’Essonne son Solo Display. A l’issue de leur démonstration conjointe, le Hunter Suisse et le Sea Fury sont allés rejoindre le biréacteur Dassault. Tous trois sont arrivés en patrouille serrée, permettant ainsi de montrer l’évolution de l’aviation de chasse depuis la toute fin de la seconde guerre mondiale. Ensuite, « Marty » a enchaîné sa démonstration habituelle et a bien réveillé tout le monde !
Ce ne fut pas la seule innovation du spectacle.
En 1917 naissait un certain Auguste Mudry, ingénieur aéronautique devenu constructeur d’avion et qui offrit aux ailes française une famille incroyable d’avions qui ont permis aux pilotes français d’apprendre la voltige moderne et, plus tard, de glaner de nombreux titres internationaux dans cette discipline. Une patrouille composée d’une douzaine de Cap de toutes versions a donc défilé en hommage.
La formation était dirigée par le Cap 10 n°18 F-GIZL. A bord, le samedi, se trouvait Jean-Marie Saget, ancien chef pilote d’essais chez Dassault, toujours actif, et auquel un ouvrage mémorable vient d’être consacré, Du Vampire au Mirage 4000, par François Besse.
On note également la présence d’un Cap 10 de l’EIP 50S basé à Lanveoc Poulmic en Bretagne, un avion rare sur les meetings français et qui a effectué une courte démonstration de voltige.
Il était accompagné par deux MS733 dont un portait les marques de l’Escadrille 10S tandis qu’a évolué aussi le Fouga Zéphyr 26.
Un Breguet Atlantique venu de Lann Bihoué a représenté les ailes actuelles de la Marine. Le MS760 Paris et le Breguet Alizé, autres avions marins de collection, prévus au programme, ont été amenés à annuler leur participation à la suite de légers soucis techniques.
L’hommage à Auguste Mudry fut suivi par une formation uniquement constituée de Piper Cub et dérivés. A bord se trouvaient M. Jean Salis et ses enfants. Ils célébraient ainsi les 80 ans du patriarche du plateau de Cerny.
Mais c’est au Transall que pourrait revenir l’Oscar de la démo la plus marquante de l’édition 2017 pour le vol du samedi, alors que la météo commençait à devenir menaçante. Passages bas, virages serrés, si quelqu’un se demandait pourquoi cet avion est adoré de ses équipages, la réponse a été claire.
Le dimanche, la démo fut, hélas, plus calme. On avait pourtant juste envie de dire « encore, encore ! » L’avion devait se poser sur la piste en herbe afin de montrer ses capacités à être « à l’aise partout », mais le sol détrempé par les orages en a décidé autrement alors que la manœuvre avait été concluante lors des répétitions, avant les averses. Rendez-vous l’année prochaine ?
C’est la météo qui fut effectivement le fait saillant du samedi. Très humide toute l’après-midi, le temps est devenu exécrable vers 17h00, obligeant l’organisation à mettre prématurément un terme à la journée de vols. Ainsi, le passage du Boeing 777, escorté par la Patrouille de France, clou du spectacle prévu, a donc été annulé.
Néanmoins, pendant la nuit, les organisateurs ont travaillé pour réorganiser le programme du dimanche, profitant d’une amélioration très sensible des conditions climatiques.
Alors que la PAF était initialement prévue pour clore le spectacle, elle a, de façon très inédite, ouvert le meeting. L’objectif était de leur laisser le temps, ensuite, de retourner faire leurs pleins en vue de redécoller ensuite pour la grosse surprise, qui n’en était plus vraiment une, de clôture.
Autre temps fort de ce deuxième jour de fête aérienne, le passage d’un Airbus A330 de la compagnie XL Airways. Après le 737 d’Europe Airpost, l’ATR d’Air Contractor et surtout, l’inoubliable passage du Boeing 747 de Corsair l’an dernier, il faut bien reconnaître que c’est un plaisir d’avoir des longs courriers venir saluer les vieux avions du plateau.
Si la piste n’avait pas encore été assez drainée pour recevoir un Transall, elle était suffisamment ferme pour que les « lourds » puissent l’emprunter. Ainsi le tableau sur la guerre du Vietnam a été enrichi par la présence de deux Skyraider, accompagnés de deux T-28 et, pour la première fois, d’un Cessna O-2, en fait un Skymaster 337 construit chez Reims Aviation et peint aux couleurs du Sud Vietnam. Et, souligné par, une fois de plus, des explosions foisonnantes, le show a été particulièrement impressionnant et réussi.
Mais la poésie de la Ferté, c’est aussi de montrer d’autres pans de l’histoire de la conquête de l’air et une place est toujours laissée pour les planeurs. La splendide démonstration de voltige aérienne silencieuse du DFS Habicht et, surtout, son hallucinant dernier virage risque de rester longtemps dans les mémoires de ceux qui l’ont découvert cette année et que dire de ce frêle SG-38… si ça, c’est pas du vol à l’état pur ?
Bien sûr, les warbirds étaient encore bien représentés avec le seul Hawker Hurricane volant sous registre français qu’on a revu avec plaisir, deux ans après qu’il a été endommagé à l’atterrissage à Dijon à son retour du Temps des Hélices 2015, du Curtiss H-75 de la TFC, toujours à vendre et dont on espère qu’il pourra rester dans notre pays, du fabuleux Spitfire de Christophe Jacquard, du P-51 et du P-40 fidèles de l’évènement ou des Yak 3 et 11 mais ces machines merveilleuses se sont fait clairement voler la vedette par un avion qui est tout sauf rare, puisque rien qu’en France on en compte environ 80 et plus d’un millier dans le monde, un Boeing 777, de la compagnie Air France. Mais arrivant accompagné par les fumigène tricolores de la Patrouille de France, voici qui n’a rien de banal.
30 ans après le Concorde (ceux qui étaient sur place ce jour-là en parlent avec des trémolos dans la voix et des frissons sur les bras), 29 ans après le drame d’Habsheim, Air France revenait participer à un meeting aérien. On peut s’étonner du choix du Boeing 777 et non pas d’un Airbus A380 ou du Boeing 787 nouvellement arrivé dans la flotte et dont on a déjà beaucoup parlé, mais le « triple 7 » est une valeur sûre de la flotte et l’avion initialement prévu pour cette démonstration devait être un des appareils marqués pour épauler la candidature de Paris pour l’organisation des jeux Olympiques de 2024. Le report de 24 heures de l’opération a entraîné un changement d’avion mais nul doute que ce passage va laisser des traces dans les mémoires.
Le meeting se terminait alors de bien belle manière. Quelques avions anciens ont donc, comme la tradition l’exige, pris l’air pendant que d’autres rentraient dans leurs pénates et que la foule d’automobilistes patientait pour sortir du parking et que les piétons rejoignaient la gare de la Ferté-Alais.
C’était pourtant le moment de rester attentif car quelques avions rares sont alors sortis du parking visiteur. Si, pendant le meeting, quelques avions légers ont effectué de nombreuses allées et venues, servant de navettes pour certains équipages dont les avions étaient basés sur d’autres plateformes, ne pouvant se poser ailleurs que sur des pistes en dur, permettant ainsi de photographier quelques Morane-Saulnier Rallye, Robin DR 360, d’autres visiteurs étaient venus avec leur Yak-52 ou leur Piper Tripacer.
C’était aussi l’occasion d’admirer un rare Nord 1203, un F-15A Picchio (rien à voir avec le F-15A Eagle, sinon que ce sont deux avions racés !) et un sublime CP320 Super Emeraude.
Si la pluie a un peu gâché la fête samedi, sur l’ensemble des deux jours, le temps des hélices 2017 a tenu son rang de très grand évènement aéronautique avec son lot de nouveautés et ses valeurs sûres. Il y en avait vraiment pour tous les goûts.
Vivement 2018 !