C’est un weekend du 14 juillet exceptionnel que nous venons de vivre, et ce, à de nombreux titres. Mais pour autant, la tradition a été respectée avec le défilé annuel, et en ce qui nous concerne, un défilé aérien assez intéressant. Mais le meilleur était encore à venir.
La répétition du défilé aérien s’est déroulé le 11 juillet à 15h, comme prévu, mais, une fois n’est pas coutume, elle n’a pas été ouverte par la Patrouille de France. La formation a effectué son passage de reconnaissance en formation le lendemain soir. Le jour dit, trois appareils, en particulier, ont retenu l’attention pour leur première apparition au-dessus de Paris et un quatrième pour ses adieux.
Le premier MRTT de l’Armée de l’Air française, encore en cours d’essais et qui ne sera livré que dans quelques mois, a donc défilé escorté par trois Mirage 2000D de la base de Nancy. Cette version de ravitaillement en vol de l’Airbus A330, déjà en service dans plusieurs forces aériennes, en Australie et en Grande Bretagne notamment, est très attendue pour enfin succéder aux vénérables C-135FR entrés en service en 1964.
Plus gros, capable de délivrer plus de carburant et disposant de capacités accrues pour le transport de fret ou de personnels, les MRTT français devaient aussi succéder aux Airbus A340 de l’Esterel, dont un exemplaire est apparu aussi dans le ciel parisien pour la deuxième fois après le défilé 2015.
Dans une formation où figurait l’unique Transall du défilé, preuve que le temps du glorieux serviteur du transport aérien français touche à sa fin, un A400M de la Luftwaffe et le premier C-130J, la version la plus récente du Hercules livré à l’armée de l’Air en début d’année effectuait une de ses premières apparitions en public.
Plus discret, un M-346 de l’aviation de Singapour, bien escorté par les Alpha Jet de la base de Cazaux, était de la fête pour célébrer les 20 ans du détachement asiatique sur la base des Landes.
Mais c’était aussi l’heure des adieux pour un serviteur discret de la diplomatie française puisque c’est un vecteur de la dissuasion nucléaire qui tire sa révérence. C’était la dernière apparition d’un Mirage 2000N avant son retrait définitif de service a venir dans quelques semaines, le temps pour son escadron d’origine, le La Fayette, de devenir opérationnel pour cette mission sur sa nouvelle monture, le Rafale.
Bien sûr, on gardera aussi en mémoire l’original panache tricolore lâché par la Patrouille de France, une erreur humaine qui permettra de dater les cliché avec précision lorsque tout ça fera partie de l’histoire.
On se souviendra peut-être aussi, que la Sécurité Civile était présente avec un CL-415 et un Q400MR, le Milan 73, porteur de sa décoration spéciale arborée depuis l’anniversaire de ses dix ans de service. A l’heure où le Q400MR vient d’être confirmé pour la succession des Turbo-Firecat, il serait sans doute opportun d’offrir au secteur Tracker un beau baroud d’honneur au-dessus de Paris pour les quelques 14 juillet qui restent avant le retrait définitif de l’appareil.
En fin de défilé aérien, l’équipe de Voltige de l’Armée de l’Air a présenté deux de ses avions, les premiers champions du monde à descendre les Champs-Élysées pour le weekend. Après le passage des hélicoptères, deux avions ont défilé discrètement, deux Pilatus PC-6 de l’ALAT, des avions destinés initialement au largages des parachutistes mais dont les capacités réellement tout terrain les ont amené à effectuer des missions spéciales sur les théâtres d’opérations.
Mais l’évènement marquant de ce 14 juillet 2018 restera la réouverture du plus bel « hélicodrome » du monde sur l’esplanade des Invalides, pour les retrouvailles entre la population française et ses forces armées. Cet évènement qui permettait, notamment aux parisiens qui avaient assisté au défilé sur les Champs-Élysées, d’approcher d’un peu plus près les soldats et leurs matériel avait été annulé en 2015 en raison de l’état d’urgence décrété après les attentats de Charlie Hebdo et du Super Casher. Cette annulation avait été reconduite pour la fête nationale 2016 et les évènements qui se sont déroulés à Nice le soir-même laissèrent présager que tout ceci était devenu de l’histoire.
Jusqu’à cette année.
Bien que plus modeste en surface et en matériel que la dernière édition en 2014, l’exposition 2018 était un beau retour à une sympathique et jeune tradition. On pouvait y voir un Leclerc, un VBCI, un CAESAR, deux véhicules de la BSPP, quelques voitures de collection de la Gendarmerie ou un blindé du RAID. De superbes démonstrations cynophiles et équestres étaient aussi organisées sur une des pelouses.
Bien évidemment, ce sont les voilures tournantes qui ont surtout attiré les spectateurs. Cinq hélicoptères étaient posés sur l’esplanade, redevenue pour un après-midi le plus bel « hélicodrome » du monde. Un EC-135 de la Gendarmerie côtoyait un Tigre et un Caïman de l’ALAT tandis que de l’autre côté de l’avenue, un Dauphin de la Marine était à côté d’un Caracal de l’Armée de l’Air. Il ne manquait peut-être qu’un Dragon de la Sécurité Civile pour compléter le tableau !
Seul bémol, il fallait faire la queue pour franchir la barrière et accéder aux machines. C’était, certes, un peu contraignant, mais du coup, en petits groupes, les curieux ont pu obtenir bien plus d’explications de la part des équipages qu’il n’auraient pu en avoir autrement. Il serait sans doute possible en augmentant les effectifs destinés à encadrer les visiteurs, de réduire un peu le temps d’attente, mais l’idée est à conserver et à développer.
Vers 18 heures les gendarmes commencèrent à inviter tout ce petit monde à évacuer les pelouses et à s’éloigner un peu pour faciliter les opérations de décollage des cinq appareils.
Alors que pour les éditions précédentes, la foule avait été refoulée à une distance considérable des appareils, cette fois-ci, les exigences sécuritaires ont parues plus raisonnables et c’est devant une nuée de téléphones portables levés que les turbines se sont mises à rugir.
Et là, un peu avant 19 heures et en une poignée de minutes, les cinq appareils ont décollé puis ont remonté l’esplanade pour gagner le Pont Alexandre III et enfin virer à gauche pour s’en aller en suivant le lit de la Seine.
Quel spectacle !
Mention spéciale pour les deux équipages de l’ALAT, notamment celui du Tigre, qui ont maintenu le stationnaire quelques minutes histoire d’être sûrs d’être immortalisés comme il le fallait. C’était bien joué !
Seul bémol, les appareils ont enquillé les décollages à un bon rythme, du coup, impossible de changer d’emplacement entre deux départs.
Évidemment, c’était un weekend inoubliable pour plein de très bonnes raisons mais le retour de l’exposition aux Invalides constitue sans doute une des très bonnes nouvelles du moment pour les amateurs.
A l’an prochain donc !
Salut Fred.
Merci pour la précision concernant les deux « Pil » PC6, noyés dans le défilé des hélicos.
Je les avais aperçus pendant le direct, mais aucun commentaire à leur sujet, laissant planer le doute.
Bonne journée.
oui, c’est évidemment pas les avions sur lesquels les caméras vont passer du temps, ni les commentateurs disserter pendant des heures…