En ce moment, le dernier Vulcan en état de vol, le XH558, effectue sa tournée d’adieux avant d’être définitivement cloué au sol pour la deuxième fois de son histoire, mais ça pourrait bien être la bonne.
Si au cours de ces dernières années, le Vulcan n’est pas sorti du territoire de sa gracieuse Majesté, au cours de sa carrière opérationnelle, entre 1960 et 1984, ce ne fut pas tout à fait le cas comme le montrent ces photos prises en Californie en 1981 et 1982.
Un Vulcan de passage aux USA voilà qui est intéressant ! Les photos auraient été prises à Nellis, on aurait été en droit de penser qu’il accompagnait un détachement de la RAF à un exercice Red Flag, mais à Sacramento, ça commence à ne pas être si logique.
Finalement, l’histoire derrière ces deux photos concerne aussi notre pays.
En fait, le Vulcan aurait fait escale à McClellan sur sa route vers la Polynésie française où il serait allé traîner du côté de Mururoa. Si, à cette époque, les essais étaient déjà souterrains, et non plus à l’air libre, il était sans doute possible de ramasser quelques données en analysant des prélèvements d’atmosphère et de particules sinon en effectuant du renseignement par d’autres biais.
La présence du XH558 et de ses pods spéciaux en 1981 correspond effectivement à la période où plusieurs tirs ont lieu : Lyncée, 8 juillet, Eryx, 11 juillet, Théras, 18 juillet et Agénor le 3 août. Le deuxième passage se situe juste avant le premier tir de 1982 qui a lieu le 20 février (Aérope) et pourrait bien correspondre à une mise en place préalable pour ce genre de mission.
D’où opéraient ensuite les Vulcan ? La base néo-zélandaise d’Oakeha se trouve à 5000 km de Mururoa, celle de Nadi au Fidji à 4500, mais celle de Pago Pago à seulement 3400. L’autonomie de base du Vulcan étant donnée pour un peu plus de 4000 km, l’usage de ravitailleurs Victor pour la réussite de ces missions ne fait guère de doute, surtout que ce type d’avion transitait régulièrement par McClellan à cette époque-là !
Quoi qu’il en soit, c’est la preuve que même entre alliés, on a le droit de se faire des cachoteries et de jeter un œil indiscret par la fenêtre pour voir comment les choses se passent.
« Reniflage à Mururoa ; not too much Entente, and not so cordiale… » (René J. Francillon)
La morale de cette histoire n’est pas que l’entente cordiale est un mythe, mais bien que si ce Vulcan a été impliqué dans une légère histoire franco-anglaise, il aurait été sympa qu’il franchisse au moins une fois la Manche – parce que, survoler la Manche, il sait le faire, et bien – pour venir se montrer sur un meeting français, même juste en passant, histoire de faire baver le public des « froggies » et lui faire regretter qu’aucun Mirage IV n’ait été ainsi conservé en état de vol dans notre beau pays.
Merci à Carl E. Porter, à Peter B. Lewis et à René J. Francillon pour ces photos.
Sympa le sujet … comme les autres d’ailleurs.
Tous mes encouragements pour la suite.
Amicalement.
Stef